
cliquer pour agrandir
|
Juillet-Août
2005
Chers
Amis,
L’assiduité
à la « Lectio Divina », à la Parole de Dieu,
depuis la dernière Lettre, a posé l’éternité
dans notre temps. Une brèche s’est ouverte, quelque chose
de fondamental commence à bouger…C’est assez étrange
et très nouveau dans notre quotidien si encapsulé !
Le temps qui court à une vitesse vertigineuse, ce « grand
dévoreur des peuples », comme l’appellent les Pères,
est, en effet, depuis toujours, l’énigme la plus formidable
dans la vie d’un homme. A regarder le pendule de mon horloge, je
constate de la façon la plus immédiate que la mort est à
l’œuvre ; à chaque battement il me dit : tu meurs !
C’est ici et maintenant…
Les anciens philosophes grecs s’en trouvaient déjà
fort préoccupés. Pour eux, le temps était pur esclavage,
un destin fatal et tragique, morne répétition d’un
engrenage diabolique, qui jette l’homme dans l’angoisse d’un
perpétuel anéantissement. L’homme a entraîné
le temps dans sa propre chute en se séparant de Dieu…
C’est pourquoi le Christ, comme dit Saint Paul, vient « racheter
le temps » et lui conférer un sens radicalement nouveau.
Quand le Verbe se fait chair, c’est l’Eternel qui se fait
temps et, par là, inverse le sens de tout ce qui est négatif
pour le saturer de Lumière. Désormais le temps, devenu temple
de la Présence divine, est le lieu du rendez-vous de Dieu et de
l’homme, le lieu de leur dialogue amoureux et de leurs épousailles.
C’est précisément ce que nous apprend la fréquentation
de la Parole de Dieu.
Lorsque le Christ s’incarne, l’éternité et le
temps se croisent, et le point de ce croisement c’est l’instant
présent. L’instant présent, quand on est en vrai contact
avec lui, s’expérimente comme un point d’attouchement
de l’incréé et du créé. Le temps s’ouvre
au Présent Absolu, le grand « Je suis », dont nous
devenons alors participants. C’est un contact avec la Source de
l’Etre, une plongée vers l’influx originel de la Création,
du principe-commencement de tout.
Selon
l’intensité de ma communion avec l’instant, je vis
réellement un moment paradisiaque. Au lieu d’un anéantissement
perpétuel, il s’agit d’une « naissance perpétuelle
» (saint Grégoire de Nysse, IV°siècle). C’est
une profonde libération du poids du passé et des projections
angoissantes sur l’avenir, l’absence total de conflit dans
le présent lui-même.
Cependant, vivre ainsi pleinement dans l’instant n’est pas
facile ! Le point d’intersection entre l’éternité
et le temps se situe sur une croix : c’est la mort de l’ego.
Celui-ci ne vit que dans le passé ou l’avenir, le jugement
et la plainte, c’est-à-dire la distance par rapport à
ce qui est maintenant…
En
adhérant totalement à ce qui est ici et maintenant, en devenant
un avec ce qui est, l’ego disparaît, le mental se tait, le
temps s’ouvre sur un jaillissement de joie éternelle, cette
immense vibration qui est à l’arrière-plan de tout.
Dieu est là, plus rien en nous ne s’interpose, et notre coeur
se remplit de gratitude. Nous sommes alors à la Source de l’amour.
« La profondeur d’un homme, sa maturité, est dans sa
puissance d’accueil, dans l’acceptation humble et joyeuse
de ce qui est, de tout ce qui est », dit saint François d’Assise.
C’est l’attitude même de Jésus : réceptivité
intégrale, totale, à tout ce qui vient du Père. Le
Christ vivait chaque instant pleinement comme venant du Père par
l’Esprit, un don pur, afin que tout moment soit pour Dieu. Ceci
est extraordinaire car ainsi, par son Incarnation, le Christ abolit définitivement
l’opposition entre l’éternité et le temps, révélant
au contraire que le temps est le reflet de la vie divine comme communion
de personnes. Chaque instant m’invite à l’abandon et
à l’amour. Alors le pendule ne dit plus : « tu meurs
», mais « tu ressuscites ! »
A la place du vide suprême il y a une suprême plénitude.
Le temps redevient fête, danse sacrée et bénédiction,
ainsi que nous l’apprend le temps liturgique tout au long de l’année,
où nous célébrons les mystères de la Présence
du Christ.
Tout
est ressaisi en Christ et le temps se déroule en Lui, « l’
Alpha et l’Omega, le Premier et le Dernier, le Vivant » (Apoc.1,17).
Avec Lui la vie est une constante célébration, jusqu’au
moindre geste, et notre être tout entier devient liturgique.
« Celui qui fait au nom du Seigneur le geste le plus imperceptible,
dit Olivier Clément, pèse davantage dans le destin du monde
que les meetings et les armées. » Car c’est de l’expérience
spirituelle la plus personnelle que dépend à la fois la
modification radicale de l’homme et l’avenir du monde…
A nos marques, à chacun sa responsabilité, tout tient à
ta décision ici et maintenant…
Avec
toute notre affection, à bientôt !
Père
Alphonse et Rachel
Texte
d’un Père à méditer :
« La
lampe est précieuse pour ceux qui sont dans les ténèbres,
et la lampe a un usage, jusqu’à ce que se lève le
soleil. Précieuse aussi est la gloire qui est sur le visage de
Moïse, et, je pense, des prophètes également, et belle
la vision par laquelle nous sommes conduits à voir la gloire du
Christ…Et nous avons eu besoin d’abord de cette gloire. Mais
elle reçoit sa disparition, à cause de la gloire supérieure…Ainsi
toute chose a son temps, et il y a un temps pour toute chose sous le soleil
; il y a un temps pour recueillir les perles et un temps, après
les avoir recueillies, pour trouver l’unique perle, tellement précieuse,
lorsqu’il convient de partir et de vendre tout ce qu’on a
pour acheter cette perle. »
Origène
(IIIème siècle)
Prière de Saint Paul
«
L’amour
ne fait aucun mal au prochain : l’accomplissement de la Loi c’est
l’amour. Vous savez en effet dans quels temps nous vivons : l’heure
est venue de vous arracher au sommeil car aujourd’hui le salut
est plus près de nous lorsque nous avons embrassé la foi.
La nuit est avancée, le jour est proche, dépouillons-nous
donc des œuvres de ténèbres, revêtons les armes
de la lumière, conduisons-nous comme en plein jour en toute dignité
: sans ripailles ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans
querelles ni jalousies. Mais revêtez le Seigneur Jésus
Christ et ne prenez pas garde aux besoins de la chair pour satisfaire
les convoitises. »
(Rom.13,10)
Sessions en cours à Béthanie
Du
5 au 8 août : « Une thérapie
divine : le pardon ». Celui qui a découvert cette
dimension fondamentale de l’Evangile est définitivement guéri
de son passé et joyeusement libre dans le présent.
info
Du
11 au 15 août : « Prière
de Jésus : Prière du coeur ». C’est le
Chemin par excellence de l’antique Tradition orthodoxe : naissance
à soi et au Christ, une transformation profonde. info
20
au 21 août : « Trouver sa voix
» : l’expérience la plus immédiate de
la découverte de soi, une thérapie corps-âme-esprit.
info
Du
25 au 29 août : « Halte au désert
» : table rase avec le jeûne, la prière et la
méditation de la Parole de Dieu. Pour faire le point et engager
une nouvelle étape.info
Information
Les
pèlerins étaient tellement fascinés par leur retraite
itinérante auprès de Saint François qu’ils
souhaitent à l’unanimité le retour à Assise
en 2006…Vous êtes donc invités, à votre tour,
du 10 au 19 juillet de l’an prochain ! Saint François est
un saint hors-pair, au-delà de toutes frontières. S’il
attire des milliers de personnes de tous les horizons culturels ou religieux
sept siècles après sa mort, c’est parce qu’il
nous atteint dans la profondeur de notre être, là où
nous avons la même nostalgie que lui, celle de la sainteté.
Aujourd’hui encore, Saint François reste présent et
vivant en ces lieux tous si mystérieux et remplis de son message
: l’extraordinaire joie du Christ mort et ressuscité. A Assise
on entre en partage avec cette « atmosphère », qui
est celle du pur Evangile…info
Le numéro d’été
de la revue «
Le Chemin » est sorti.
Au sommaire :
Qu’est-ce
que l’homme ?
Entretien d’Alphonse et Rachel Goettmann avec Sa Sainteté
le Patriarche Abba Shenouda III
L’Eucharistie
dans la tradition orthodoxe
Philippe Dautais
Des
hommes libérés
Marc Ménestret
«
Garde-nous de succomber à la tentation »
Rachel Goettmann
Le
Chemin de l’Icône
Mgr Jean de Saint-Denis
Le
fleuve de feu du désir de Dieu
Annick de Souzenelle
|