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Gorze,
Mars 2006
Chers
Amis
Nous avons insisté, à travers nos dernières lettres,
sur la quintessence de la mystique chrétienne, qui n’est
autre que l’union au Christ, toujours en devenir et s’approfondissant
sans cesse. Or toute la vie de Jésus est une action de grâces
incessante pour entraîner les hommes avec lui dans le même
mouvement et leur rouvrir la modalité paradisiaque du monde, les
ressusciter à la condition céleste à laquelle nous
introduit la louange, comme le rappelle constamment l’Apoca-lypse.
La louange et l’action de grâces ne sont pas seulement une
manière d’être du Christ, mais c’est son être
même. Il rend toujours grâce à Dieu, même dans
les situations que nous jugerions « impossibles » comme lors
de la multiplication des pains (Mc 6,30) ou « tragiques »
comme la mort de son ami Lazare (Jn 11, 41).
A
sa suite, il y a désormais une manière spécifiquement
chrétienne de vivre tout problème, toute difficulté,
toute souffrance et même la mort. C’est de s’unir intimement
à Jésus et avec Lui de rendre grâce, de louer Dieu
pour tout ce que j’ai à vivre ici et maintenant. Là
se trouve l’unique solution ! Elle est totalement irrationnelle
et crucifie souvent notre entendement, mais là, « cloués
sur la croix avec le Christ » et libérés de «
la sagesse du monde », nous éprouvons réellement une
« puissance » secrète et mystérieuse, qui est
celle du Christ ressuscité vivant en nous (1 Co 1 et 2).
Ici est le fondement d’une vie totalement nouvelle et d’un
être nouveau. Toute l’existence devient pascale : par l’action
de grâces incessante nous transformons de moment en moment la vie
en la Vie, les ténèbres en lumière ; des situations
de mort jaillit la vie…, comme à l’eucharistie le pain
et le vin deviennent corps et sang du Christ. Voilà ce que l’Evangile
nous a apporté : la présence de l’éblouissante
beauté du Christ ressuscité au coeur de chaque instant pour
le métamorphoser en joie ! Maintenant « tout est grâce
» ! Alors vivre c’est tout simplement aimer Dieu et «
aimer Dieu, dit saint Augustin, c’est chanter sa gloire, mieux :
c’est devenir soi-même chant de gloire ».
«
Baptême » veut dire « plonger » au sens littéral
; le baptisé c’est quelqu’un qui est plongé
dans le Christ et qui ne cesse de plonger dans sa propre profondeur pour
garder le contact avec Lui ; c’est quelqu’un qui ne se laisse
pas emporter par les apparences extérieures ou des circonstances
révoltantes, car il plonge aussi en elles pour y trouver la Présence
divine. Ce plongeon à l’intérieur de tout, à
tout moment, se fait par la bénédiction continuelle, nourrie
par l’eucharistie.
Le
réveil sonne le matin et je commence déjà à
ronchonner… Renversons immédiatement la vapeur : «
Béni sois-Tu, Seigneur, pour cette nouvelle journée que
Tu me donnes ! » Je risque un regard par la fenêtre, catastrophe
: il pleut ! Et la mélancolie habituelle se saisit de mon âme.
Est-ce la seule solution ? Essayez alors de répéter : «
Alléluia ! Je Te dis merci, Créateur du ciel et de la terre,
pour ce temps que Tu fais… Alléluia ! Alléluia !...
» et le répéter jusqu’à ce qu’il
n’y ait plus aucune trace de morosité. C’est à
travers les tout petits détails de chaque jour qu’il faut
s’exercer : une parole blessante, une mouche importune, l’aboiement
d’un chien, une pierre qu’on heurte, une lampe qui s’éteint,
une panne de voiture… car c’est là que se crée
patiemment une nouvelle attitude devant la vie et jusqu’aux réflexes
jamais maîtrisés qui, maintenant, sont pétris par
la louange. « Béni sois-Tu, Seigneur ! » jaillira peu
à peu spontanément de nos lèvres à propos
de tout. Il faut s’exercer inlassablement, toujours recommencer,
et c’est un vrai combat, surtout quand les choses ne vont pas comme
MOI je le voudrais.
Nous apprenons à « reconnaître » que nous ne
sommes pas les maîtres de la vie, mais Dieu. Louer, c’est
Lui remettre les rênes, s’abandonner à son amour avec
confiance et joie, se soumettre à sa volonté en toutes choses.
Viendront aussi les jours où c’est plus difficile, ou rien
ne va plus, tout est obscur et Dieu semble absent ; la souffrance nous
submerge ou tel problème bouche tous nos horizons… La louange
ici n’aura pas l’expression d’une joie sensible, mais
d’une acceptation dans la paix, sachant que Dieu est à l’oeuvre
malgré tout, si je le bénis.
Louer, bénir, rendre grâce pour tout, c’est la plus
grande ascèse qui soit pendant ce temps de Carême. Il n’y
a rien qui nous purifie davantage de notre ego et nous ouvre plus à
la Joie pascale !
Avec
toute notre affection, à bientôt !
Avec
toute notre affection, à bientôt !
Père
Alphonse et Rachel
Texte
à méditer :
« Pourquoi
bénir ?
Parce que lorsque nous bénissons, il y a une libération
qui s’opère dans les lieux célestes. Ce que Dieu
a en réserve pour la personne bénie devient efficace.
C’est comme si la bénédiction faisait un trou dans
la masse des malédictions qui repose sur nos têtes et permettait
à Dieu d’agir.
Lorsque je dis « malédiction » je ne parle pas des
sortilèges de toutes sortes, mais de toutes les paroles négatives,
les jugements, les critiques qui ont été dits et qui nous
retiennent comme prisonniers. Ainsi en bénissant nous opérons
un acte de libération.
La bénédiction est une arme
redoutable, car c’est une parole d’amour et de restauration
qui vient directement de Dieu sur la personne que nous bénissons,
et cette parole est irrévocable.
D’autre part, lorsque nous bénissons, notre regard sur
l’autre change. Nous recevons les yeux de Dieu et nous le voyons
tel que Dieu le voit, c’est-à-dire avec en lui le ferment
de la résurrection.
Enfin, s’il est vrai que celui qui maudit se maudit lui-même,
la réciprocité doit aussi être vraie ; quand nous
bénissons, nous sommes aussi bénis ! Dieu aime la bénédiction.
SOYEZ BENIS ! »
Véronique
Rochat
Prière
David
bénit Adonaï sous les yeux de toute l’assemblée.
Il dit :
Béni sois-Tu Adonaï, Dieu d’Israël notre Père,
depuis toujours et à jamais !
A Toi, Adonaï, la grandeur, la force, la splendeur, la durée
et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre est à
Toi.
A Toi, Adonaï, la royauté : Tu es souverainement élevé
au-dessus de tout.
La richesse et la gloire Te précèdent, Tu es maître
de tout, dans Ta main sont la force et la puissance ; à Ta main
d’élever et d’affermir qui que ce soit.
A cette heure, ô notre Dieu, nous Te célébrons, nous
louons Ton éclatant renom (…)
Je sais, ô mon Dieu, que Tu sondes les cœurs et que Tu te plais
à la droiture, c’est d’un coeur droit que je T’ai
fait toutes ces offrandes et, à cette heure, j’ai vu avec
joie Ton peuple, ici présent, Te faire ces offrandes volontaires.
Adonaï, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël
nos pères, garde à jamais cela (…)
(1 Chr 29, 10-20)
Sessions en cours à Béthanie
Du
25 au 26 mars : Découvrir le sens de tout évènement
avec le philosophe Bertrand Vergely. Celui
qui sait où et comment « faire la volonté
de Dieu » détient le secret de la Vie et de la Joie.
info
Du
1er au 2 avril : « Trouver sa voix
». Trouver sa voix pour s’exercer à la voie,
par l’intimité du souffle et la jubilation du chant. info
Du
19 au 23 avril : Semaine Sainte et Nuit Pascale.
info
Du
29 avril au 2 mai : « Calligraphie
des Lettres hébraïques » avec Gundelinde. Un
chemin antique de découverte de soi et de guérison par l’art-thérapie.
info
Information
«
LE CHEMIN » du printemps 2006 sortira le 20 mars,
au sommaire
de ce numéro 70 :
Expérimenter la Bible avec Graf Dürckheim
par Alphonse Goettmann
La
mort et la résurrection dans le Nouveau Testament par Paul
Ladouceur
Le
chrétien vit dans l’Eglise par Marc Ménestret
François
d’Assise et l’Orthodoxie par Olivier Clément
Carnet
de voyages d’une peintre d’icônes par Elisabeth
Lamour
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