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Gorze,
Janvier 2007
Chers
Amis,
Le mois de Janvier est celui de la nouveauté, de partout on nous
souhaite une Année « Nouvelle », l’important
étant de sauter maintenant hors de tout ce qui est vieux ! Or la
seule et unique réalité qui soit radicalement neuve, c’est
l’Amour. L’Amour est toujours inédit, il ne se répète
jamais, aimer c’est à chaque fois la première fois
! Que nous souhaiter alors de mieux, réciproquement, sinon d’aimer
tous les jours plus et de faire de cet Amour l’axe de notre vie
?
En Extrême-Orient nul n’est maître spirituel sans être
illuminé ; dans le Christianisme l’illumination n’intéresse
que si elle est l’expression de l’Amour. Beaucoup de saints
et de maîtres chrétiens n’ont jamais été
illuminés, mais tous ont été littéralement
consumés par l’Amour comme par un feu. En dehors de cela
rien ne peut les combler, car l’Amour contient tout, il est la profondeur
de l’homme, il est Dieu Lui-même (1Jn 4,8).
Ma réalité profonde c’est l’Amour, et plus je
m’enfonce dans l’Amour, plus je suis. Les racines, le fondement
de mon être, c’est l’Amour (Eph 3,17 ; Rm 5,5). Là
je suis illuminé dès maintenant et la prière n’est
pas chemin de conquête, mais d’ouverture à l’Amour
qui est au plus profond de moi-même. Méditer et prier c’est
aimer, car Dieu ne veut pas d’autre réponse à son
Amour que notre amour, l’inhabitation réciproque des consciences,
la transparence de la conscience divine à la conscience humaine
et vice versa. Une compénétration infinie de Dieu et de
l’homme. L’Amour cherche l’Amour et se suffit à
lui-même. Cette croissance de l’un dans l’autre n’est
jamais terminée, c’est une union transformante continuelle.
Quand l’Amour perce à travers notre nature humaine, il ouvre
en elle des capacités infinies d’aimer à son tour,
et d’avancer éternellement vers la ressemblance divine. C’est
dans cette réciprocité amoureuse que consiste la sainteté,
conscience abyssale au contact des Personnes divines où s’éveille
et croît la personne humaine. Nos détresses se dissipent
alors et notre visage commence à se transfigurer ; nous devenons
nous-mêmes, nous commençons à vivre pleinement…
Mais avant d’être illumination, l’Amour est purification.
A Dieu qui ne cesse de chercher l’homme et de descendre dans le
dépouillement le plus extatique jusqu’à adopter un
corps pour être son égal, à vivre les affres de la
croix et de l’enfer pour pouvoir dire à son coeur un «
Je t’aime » inconditionnel, « Tu es tout pour moi »,
je ne peux donner qu’un accord sans réserve ou… refuser,
car chacun a le droit aussi de choisir la mortalité. Pourvu qu’il
le fasse consciemment ! Mais celui qui dit « oui » entre dans
un mouvement d’acceptation de tout, inconditionnelle et anticipée,
y compris de l’humiliation, du rejet ou de l’insignifiance,
de la mort sur sa propre croix, comme nous l’avons dit. Car il faut
mourir à la dépendance de soi pour dépendre de l’Autre.
Hors de Toi j’accepte de n’être rien. Je veux être
par Toi et pour Toi. Pauvreté totale. Désappropriation.
La médiation et la prière sont le champ privilégié
où se livre ce combat. Et si cette purification est une agonie,
l’Amour qui la réalise en moi est la plénitude de
la Présence divine. Cloué sur les difficultés de
ma méditation et de ma prière, je traverse d’une manière
ou d’une autre les mystères de Celui qui m’a précédé
à Gethsémani. C’est Lui qui les vit en moi et avec
moi. Ce qui se passe alors est très important, même si parfois
le désespoir me frise parce que j’ai mal médité
ou mal prié et qu’à mes yeux je n’arrive à
rien… Cette saveur-là, quand on la goûte et la vit
intensément dans l’Amour, nous révèle la profondeur
de Dieu autant que la joie ou l’illumination. Et bientôt les
deux ne feront plus qu’un. C’est quand le Christ n’en
peut plus sous le poids de ses souffrances qu’Il s’abandonne
entre les mains du Père et que tout est accompli. La Résurrection
n’est pas loin…
Seule
cette ouverture extrême à l’Amour inouï de Dieu
fait que l’homme devienne vraiment lui-même, car il a été
créé pour répondre à cet appel. Et de là
naît toute fécondité. Transparent à Dieu, l’homme
Le reconnaît partout et en tout ; ce n’est que maintenant
qu’il devient vraiment sensible à l’autre dans sa réalité
dernière, capable de communiquer au-delà des apparences
impersonnelles.
De tout temps les mystiques savent quelle énergie extraordinaire
est libérée par l’Amour. Aujourd’hui certains
savants commencent à le corroborer. L’énergie vitale
contenue dans l’Amour dépasse toutes les autres et ne tombe
pas sous le coup des instruments de mesure. « La mesure de l’Amour,
dit saint Bernard, c’est d’être sans mesure. »
Voilà l’énergie qui soutient l’homme et l’univers
entier. C’est pourquoi un seul acte d’Amour réalise
plus que toutes les œuvres extérieures ensemble dans le monde.
En disant cela, le grand mystique qu’était saint Jean de
la Croix résume la conviction la plus intime de la Tradition spirituelle.
Cette force prodigieuse agit d’une façon mystérieuse,
la plupart du temps invisiblement, et fait du coeur de l’homme un
foyer rayonnant de la plus haute activité élevant l’humanité
et transformant le monde, y compris du cosmos. « La fibre la plus
dure, disait Gandhi, est tenue de se dissoudre au feu de l’Amour.
C’est la puissance la plus active qu’il y ait au monde, indestructible,
supérieure à toutes les forces réunies. Dès
qu’elle devient active, elle se propage avec une rapidité
extraordinaire et le miracle éclate, la victoire est manifeste
»
Voilà l’étincelle première apportée
par le Christ au monde. Allons au front de la vie avec Lui ! Il n’y
a pas d’autre révolution, c’est la seule qui nous introduira
dans la « nouveauté » absolue de cette année…
Avec toute
notre affection, à bientôt !
Père
Alphonse et Rachel
Texte
à méditer :
Qui
nous séparera de l’amour de Christ ? La tribulation, ou
l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement,
ou le péril, ou l’épée ?
Selon qu’il est écrit : A cause de toi, l’on nous
met à mort tout le jour. On nous considère comme des brebis
qu’on égorge. Mais dans toutes ces choses nous sommes plus
que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis persuadé
que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent,
ni l’avenir, ni les puissances, ni les êtres d’en
haut, ni ceux d’en-bas, ni aucune autre créature ne pourra
nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus
notre Seigneur.
Epître
aux Romains 8, 35-39
Prière
Heureux
le coeur amoureux
Qui sur Dieu seul a fixé sa pensée,
Qui pour Lui renonce à toute chose créée
Et trouve en Lui sa gloire et son contentement
Il vit insoucieux, même de soi,
Car toutes ses intentions sont en Dieu.
Ainsi, joyeux, et fort heureux,
Il franchit les vagues de cette mer tempétueuse.
Sainte Thérèse d’Avila (XVI°siècle)
Sessions
en cours à Béthanie
Les
3 et 4 Février : « Vivre avec
les Anges » Les Anges sont omniprésents dans la Tradition
biblique et patristique. Découvrir leur présence immédiate
et leur rôle dans notre vie entraîne un formidable changement
de conscience. Chacun a son Ange personnel, c’est son meilleur Ami.
info
Les
17 et 18 Février : « Le Moi
profond» avec le philosophe Bertrand Vergely. Qui est derrière
mes masques et mes apparences ? La découverte stupéfiante
du noyau de mon être. Qui suis-je réellement?
info
Du 23 au 25 février:
« Retraite du Grand Carême »
, savoir entrer du bon pied dans la grande quarantaine qui prépare
Pâques. Il n’y a de chemin de transformation que par l’ascèse.
Week-end de jeûne, solitude, rumination de la Parole.
info
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