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Lettre
N°34 |
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Gorze,
Février 2007 Un
seul remède : une double décision. D’abord celle de
suivre le Christ et Lui seul, ensuite celle, motivée par la première,
de crucifier nos passions. De la fermeté de cette décision
dépend toute la discipline ascétique et particulièrement
la focalisation de notre être sur un seul point, l’attention. Désormais, il connaît à chaque instant l’exigence qui doit passer avant toutes les autres et où sont les priorités. Il a conscience de vivre un choix décisif et tout s’organise autour de cette visée, s’approfondit dans cet effort. Cette décision, qui est une Pâque, est aussi le sens le plus profond du Sacrifice, elle fonde le Martyr du chrétien et forge aujourd’hui dans le secret son vrai visage d’éternité. Dans ce sens, suivre le Christ c’est prendre sa croix pour crucifier tout ce qui ne concourt pas à cette décision. Ce tout a en fait une racine unique, car tous les démons viennent de l’amour de soi ou de l’orgueil. Il
ne s’agit pas, dans l’abnégation ou le renoncement,
d’une ascèse de souffrance et de mort. Si on les accepte
c’est pour les traverser. Souffrir, mais pour trouver la joie, mourir
mais pour entrer dans la Vie ! Ascèse de transfiguration, alors
que les passions me défigurent et me jettent dans une voie sans
issue, dans une souffrance absurde et une mort définitive… Où vont-ils ? Que cherchent-ils ? Moi ! Le plaisir pour lui-même, fermé, encapsulé dans l’enivrement ! Au lieu de les refouler dans le renoncement moralisant, il faut s’installer au coeur de nos désirs et tendances, et là, découvrir comment en réalité ces plaisirs sont une prison pour moi, un enchaînement qui n’ouvre qu’au désespoir du non-sens toujours recommencé… Mes désirs et tendances sont temples de l’infini, rien d’autre ne pourra jamais les satisfaire. Ce
constat est un pas important sur le Chemin de la maturité. Là
aussi je retrouve alors l’unité : au fond je n’ai qu’un
désir, qu’une tendance, c’est de rencontrer l’infini.
Alors, du fond de mon être, il faut aller jusqu’au fond des
choses : refuser la surface illusoire du plaisir extérieur voulu
pour lui-même et rejoindre dans leur profondeur une tout autre expérience
que celle de l’autosatisfaction. Ainsi le moindre verre de vin peut
être l’occasion d’une noyade du petit moi ou sensation
du Divin… Cette perspective nous introduit dans un nouveau style de vie. Se transformer soi-même de sorte que tout endroit, toute situation ou activité devienne une occasion pour nous d’entrer en contact avec notre mystère profond ou le mystère des choses et des personnes que nous approchons. Le quotidien, l’extérieur devient alors peu à peu une source intérieure, un espace de nouvelles découvertes, et du geste mécanique, apparemment sans intérêt, peut jaillir une transformation surprenante de l’homme tout entier. Il sort du cercle infernal et clos de la monotonie quotidienne. Le Feu des passions ainsi libérées de leur retour sur soi se focalise maintenant avec autant de violence et d’exclusive sur leur seul Bien : le Christ. Elles
savent : « Le Royaume de Dieu souffre violence et les violents s’en
emparent » (Mt 11,12). Nul mieux que saint Paul n’a exprimé
cette fascination : « Je poursuis ma course pour tâcher de
saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ-Jésus…Je
vais droit de l’avant, tendu de tout mon être et je cours
vers le but (Ph 3,12-13). Nous sommes ce coureur sur le stade qui ne regarde
ni à droite ni à gauche, oubliant ce qui est derrière
et ne visant qu’une seule chose. Ou, pour reprendre une image de
Dürckheim, nous devrions être dans le quotidien à l’affût
du Divin comme le chien de chasse qui, pas un seul instant, ne quitte
la trace du gibier sur le chemin ! Le renoncement à tout autre
chose est absolu, mais la Joie est telle que cette mort-là a le
sourire aux lèvres… Le coeur pur voit Dieu en tout, il L’entend,
il Le sent, il Le touche, il Le savoure, il Le hume. Avec toute
notre affection, à bientôt ! Père Alphonse et Rachel Texte à méditer : La guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur. Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel, est toujours pour moi le meilleur. C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur. Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui, efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible.
Dieu,
fais nous revenir à toi ! Sessions en cours à Béthanie ![]() ![]()
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