Gorze,
juin 2009
Chers
Amis,
Avec
la fête de la Pentecôte s’est achevé le cycle
liturgique de la révélation de tous les mystères
de notre libération. Cette libération habite maintenant
chaque homme comme sa réalité la plus profonde et c’est
là une expérience inouïe que chacun est appelé
à faire dès maintenant, et non seulement après
sa mort. Tout tourne autour de cette expérience transformatrice
dont on voit les fruits chez les maîtres, mais qui est vivante
aussi en nous sous la forme d’une nostalgie, de quelque chose
qu’on ne connaît pas encore et qui soupire au fond de
nous en attendant d’être découverte. Quand les
Orientaux font cette expérience, ils appellent cela «
la nature de Bouddha » ou « satori », illumination.
On ne peut pas mieux décrire ce qu’est la foi dans la
Bible et chez les Pères… La foi est devenue en Occident,
par un lent glissement, une adhésion intellectuelle à
des vérités extérieures, à croire, donc
une croyance qui ne transforme personne. Mais il n’en est pas
ainsi dans la tradition primitive. Quand Jésus appela ses premiers
disciples, Il leur dit : Venez et voyez (Jn 1,39), c’est bien
une invitation à l’expérience, et le texte ajoute
: Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là, n’est-ce
pas la plus belle manière de définir la méditation
?
En tout cas le Christ n’a jamais proposé de théorie.
Un Dieu qui s’incarne, qui prend ma chair et mon sang, cela
s’expérimente ! Si le Christ est ressuscité, le
Vivant par excellence, plus réel donc que toute réalité,
sa rencontre ne peut être que terriblement concrète,
loin de toute « croyance ». Il faudrait relire la totalité
des Actes des Apôtres pour se rendre compte à quel point
la vie des premiers chrétiens était véritablement
une expérience de feu. Tout leur quotidien n’avait de
sens que par là, leur seul motif de vivre était le Christ
ressuscité, ils le sentaient présent en eux et autour
d’eux, ils ne respiraient que par Lui ! La joie était
telle qu’on ne se trompait pas sur l’authenticité
de cette vie qui triomphait partout. Même la mort n’était
plus un obstacle sur leur chemin, des siècles de martyre en
témoignent.
L’expérience à laquelle invite la foi est l’acceptation
d’un dépouillement total, un lâcher prise qui signifie
en réalité « être cloué sur la croix
avec le Christ », de telle sorte que l’ego n’est
plus le principe de nos actions les plus profondes, qui désormais
procèdent du Christ qui vit en nous (Ga 2,19). Voilà
le centre de la vie du chrétien, il ouvre sur une vie en plénitude
(Ep 3,19).
La foi n’est plus alors une rallonge de la vie, un luxe inutile,
une croyance à un être extérieur qui s’ajoute
à notre existence et avec lequel nous entretenons des rapports
de dépendance aliénante : elle est la vie même
dans ce qu’elle a d’essentiel, la Vie de la vie, où
donc il devient plausible que sans Dieu il n’y a plus d’homme.
Transcendance, oui, mais qui est « un au-delà au coeur
de notre vie » (Bonhoeffer) et que l’on ne peut atteindre,
non par une fuite, mais « par une plus profonde immersion dans
l’existence » (Kierkegaard).
Pour moi vivre c’est le Christ dit saint Paul (Ph 1,21), et
chaque occasion est donc la meilleure pour se laisser saisir par Lui.
La vie elle-même, telle qu’elle se présente, est
le chemin : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.
Il est clair dans cette phrase du Christ lui-même que la foi
n’est pas un dépôt doctrinal auquel on adhère,
mais Quelqu’un qu’on expérimente d’instant
en instant, pour peu que nous vivions dans l’instant présent
consciemment. Chemin de transformation qui, alors, ne s’interrompt
jamais ; c’est une Pâque constante avec le Christ, passage
de la mort à la Vie. C’est vraiment là que se
trouve le message central du christianisme, saint Paul et saint Jean
n’ont pas d’autre thème dans leur Evangile. C’est
d’ailleurs le sens premier et dernier du baptême qui est
la condition du disciple, l’imprégnant comme un «
sceau », selon l’expression consacrée. Dès
les origines on appelle les baptisés « les illuminés
» et leur chemin une « initiation ».
Mais
cette illumination n’est pas un phénomène inconnu,
c’est le Christ lui-même que l’on expérimente.
Le Christ s’identifie lui-même à l’illumination,
quand Il dit : Je suis la Lumière (Jn 1,4-9 ; 9-5 ; 8-12 ;
12,46), tout comme Il s’identifie d’ailleurs à
l’instant présent quand Il dit : Avant qu’Abraham
fût, Je Suis (Jn 8,58). Il est le présent absolu, ce
qui EST, et ceux qui ne vivent pas dans cette expérience de
foi sont déjà morts : Si vous ne croyez pas que Je Suis,
vous mourrez dans vos péchés (Jn 8,24). Si Dieu se manifeste
dans le présent, dans ce qui EST, donc m’unir à
l’instant c’est communier à Dieu. Intervient alors
l’acceptation pleine et totale de l’instant présent
avec tout ce qu’il peut contenir, l’acceptation même
de l’inacceptable, où l’on assume pleinement ce
qui est, selon le grand leitmotiv de Graf Dürckheim. C’est
l’attitude fondamentale du Christ durant toute sa vie, mais
particulièrement mise en évidence au moment de sa passion.
Il
n’y a eu que « oui » en lui, dit saint Paul (2Co
1,19), et c’est cet apprentissage qu’Il est venu nous
faire, apprendre à vivre dans l’abandon et l’amour
: Que ta volonté soit faite. Cette sortie de la dualité,
où l’on est alors un avec l’événement
sans la moindre résistance, est une véritable mort de
l’ego, un crucifiement, mais pour une approche radicalement
nouvelle de notre vie quotidienne, c’est une vie de ressuscité,
un nouveau style de vie révélé par le Christ.
Cette attitude est diamétralement opposée à la
passivité ou à la résignation ; elle engendre,
bien au contraire, une action où se libèrent les forces
surnaturelles en l’homme. Toute la profondeur de l’homme
se trouve dans sa puissance d’accueil, là est sa vraie
maturité ; alors il communie pour de bon à Dieu, aux
êtres, à son propre mystère et aux secrets de
la création.
L’homme
qui vit ainsi a trouvé la paix et une joie que personne ne
peut plus lui enlever (Jn 16,22). Ce sont les fruits de l’Esprit
pentecostal…
avec toute
notre affection, à bientôt !
Père
Alphonse et Rachel
Texte
à méditer
«
Les
justes authentiques ne se plaignent pas de l’injustice,
ils augmentent la justice;
Ils ne se lamentent pas du manque de foi,
ils l’intensifient ;
Ils ne déplorent pas l’ignorance,
ils accroissent la connaissance.»
Rabbi Avraham
Itsh’aq Hacohen Kook (XIXè siècle)
Seigneur,
donne-moi une bonne digestion et naturellement aussi, quelque
chose à digérer…Donne-moi une âme qui
ne connaisse pas l’ennui, les murmures, les lamentations,
les soupirs. Ne permets pas que je me soucie trop de cette chose
envahissante qui s’appelle « moi ». Donne-moi
le don de savoir rire d’une plaisanterie, afin que je sache
tirer un peu de joie de la vie et que je puisse en faire part
aussi aux autres. Seigneur, donne-moi le sens de l’humour..
(Saint
Thomas More, XVème siècle)
Sessions
en cours à Béthanie
Du
23 au 28 Juillet : «
Initiation à la méditation et à la sagesse du
corps ».
Pratique de base quotidienne pour une autre façon de vivre.
Cliquer
pour en savoir plus.
Du
7 au 9 Août
: «
Guérison
des maladies de l’âme »
. Découvrir
ses passions, nommer ses dépendances, ne plus confondre les
substituts avec la Grande Vie. Un chemin de retournement.
Cliquer pour en savoir plus.
Du
13 au 17 Août : «
Prière de Jésus : Prière
du Coeur
»
. La quintessence de la Tradition hésychaste,
méditation qui s’origine dans la Bible et chez les Pères
du Désert.
Cliquer
pour en savoir plus.
Du
15 au 16 Août :
«
Trouver
sa voix
»
. Libérer
sa voix, remède pour l’âme et le corps.
Cliquer pour en savoir plus.
Du
21 au 25 Août : «
Une halte au
désert
»
. Pour
un face à face avec soi-même et avec Dieu. Jeûne,
silence, solitude, méditation de la Parole.
Cliquer pour en savoir plus.
Informations
Le
dimanche
28 juin de 10h30 à 17h, pèlerinage à Saint-Thiébault
à Gorze, gardez
cette date libre sur vos agendas.
Un
pèlerinage rassemblait des foules jusqu’en 1940 pour
honorer saint Thiébault et obtenir de lui une guérison
pour soi-même ou pour ses proches. C’était aussi
l’occasion de rencontres et de réjouissances. Nous vous
proposons de restaurer cette démarche de prière, de
foi et de joie par la célébration de la Divine Liturgie
en l’honneur de Saint Thiébault, par la prière
de guérison autour de ses reliques, et par des réjouissances
à travers la musique, le chant et la danse.
Le
réseau de Béthanie :
Pour
s'inscrire et visiter le réseau vous devez vous inscrire en
vous connectant à l'adresse suivante http://bethanie.ning.com/?xgi=fgZefDG
Après
votre inscription vous pourrez revenir sur le réseau en utilisant
uniquement l'adresse :
http://bethanie.ning.com/
***