Gorze,
septembre 2009
Chers
Amis,
Merci pour les merveilleuses
cartes de vos vacances qui représentent le Christ dans son
« hara » ! Excellent rappel pour l’exercice au quotidien
et démarrer une nouvelle année dans la juste attitude,
une attitude ajustée à la Vie qui veut s’offrir
à nous… Le point de départ, le point d’ancrage
de ma transformation dans et par le corps, c’est en effet son
centre de gravité, centre vital, ce que Graf Dürckheim
appelle avec les Japonais « hara », le ventre, qui a pour
aboutissement l’ouverture du cœur, point névralgique,
quant à lui, où se croisent le ciel et la terre, centre
en plénitude.
Dürckheim a ramené
ce trésor du Japon et son livre sur ce sujet est devenu en
Occident un chef-d’œuvre. Mais il l’a ramené
en quelque sorte comme un Ancien Testament, c’est-à-dire
une promesse encore inaccomplie qui ne trouve son achèvement
et son sens dernier qu’avec le Christ. Si quelqu’un réduit
le « Hara » au sens littéral de « ventre
», il n’a encore rien compris, dit Dürckheim. Car
le centre de l’homme est également le centre incandescent
d’une rencontre, celle du Christ. Il est, Lui, le Centre de
tout centre et le Principe de toute forme, le Verbe par qui tout subsiste,
Celui qui réunit le ciel et la terre…L’homme est
donc dans son centre là où il se sent un avec le Christ
et entend son appel comme d’un maître intérieur.
Toute sa vie sort alors du Christ…
Le christianisme a, hélas,
perdu depuis longtemps la clé de lecture des textes bibliques
les plus significatifs et de l’iconographie la plus ancienne
sur le « Hara ». La référence à celui-ci
est pourtant omniprésente autant dans l’Ancien que dans
le Nouveau Testament, de même que sur les icônes et les
sculptures chrétiennes. Dürckheim en donne quelques reproductions
dans son livre, dont un merveilleux Christ byzantin du VI°siècle
au Hara protubérant. Seuls les saints ou les vrais spirituels,
c’est-à-dire ceux qui ont l’expérience de
cette réalité, savent encore de quoi il s’agit
et peuvent interpréter ce message. Dürckheim a fait dans
ce domaine un énorme travail de décryptage. Le moment
est venu, dit-il, de renouer avec cette grande tradition du christianisme
primitif, de redécouvrir son trésor enfoui de la connaissance
initiatique et la sagesse expérimentale.
La Bible est remplie de la
nécessité d’un enracinement terrestre. Un des
textes les plus extraordinaires à ce sujet est la parabole
du semeur (Mt 13, Mc 4, Lc 8), où Jésus donne toute
une anthropologie de l’homme en prière et montre qu’il
ne se passe rien ou pas grand choses chez l’homme qui n’a
pas de profondeur de terre ni de racine en lui-même. Voilà
des expressions éblouissantes pour dire en langage biblique
ce qu’est le « Hara ». Langage expérimental,
s’il en fut, qui parcourt toute cette parabole et nous fait
sentir instantanément de quoi il est question. Dans un autre
passage, Jésus compare l’homme à une maison :
il a creusé, il est allé profond et a posé les
fondations sur le roc (Lc7,48). Le Christ revient constamment sur
cette réalité sous de multiples formes.
Saint Paul en bon sémite
utilise le même langage réaliste et charnel, où
jamais le corps n’est exclu du Chemin : Soyez enracinés
et fondés dans l’amour, ainsi vous recevrez la force
de comprendre…et vous entrerez par votre profondeur dans toute
la Profondeur de Dieu (Ep 3, 17-19).
Saint Grégoire Palamas
(XIV°siècle) et d’autres Pères précisent
qu’il faut « comme point d’appui le nombril »,
car « la loi de mon Dieu est au milieu de mon ventre ».
Par là, ils ne donnent pas de recettes, mais sont tout simplement
honnêtes avec le mouvement de l’Incarnation qui transforme
les entrailles de l’homme en matrice de vie.
Dans l’Ancien Testament
ce sont ces mots-là qui reviennent le plus souvent pour désigner
le « Hara ». On les traduit par le terme « miséricorde
», qui ne rend pas bien compte de la réalité en
question ; l’hébreu « rehem » signifie matrice,
les entrailles de l’amour. Mais d’autres expressions sont
fréquemment utilisées, comme « rocher, citadelle,
refuge, rempart, bouclier, tour forte, abri, pierre de fondement,
reins, force… » qui se réfèrent au centre
de l’homme selon le contexte et, bien sûr, le niveau de
lecture où l’on se situe. C’est cependant toujours
la lecture « charnelle », incarnée qu’il
importe de favoriser. Là se trouve la dynamique de toute la
Bible : « Dieu vient expérimenter l’homme, pour
que l’homme expérimente Dieu » (Saint Athanase,
IV°siècle) ; la Parole, toujours, veut devenir chair. Pour
un vrai sémite, l’abstraction verbale est un scandale
et une trahison ; la parole (« dabar » en hébreu)
exprime le fond des choses. Pour lui « le critère corporel
est supérieur à tous les critères psychologiques
car, simple et complètement objectif, il n’est pas comme
eux sujet à des interprétations et des erreurs, dont
seul le devenir apprend – mais souvent trop tard- la nature
vraie et la valeur » (Mgr Antoine Bloom).
Saint Thomas, l’apôtre
incrédule, a refusé de croire au Christ ressuscité
tant qu’il n’avait pas mis les doigts et les mains dans
les plaies. Le Christ lui apparut et lui permit de le faire, mais
ajouta : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ! »
(Jn 20,24-29). Oui : « voir », c’est encore maintenir
à distance, objectiver, laisser le Christ à trois mètres
de moi, à l’extérieur…Et le vœu de
saint Thomas est comblé, infiniment au-delà de son désir,
car « le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » - «
demeurez en moi comme moi je demeure en vous » (Jn 15). Désormais
la foi donne le primat à l’expérience. Après
sa mission terrestre, Jésus n’a pas dit à ses
disciples : « Vous penserez à moi »…mais
: « Touchez-moi ! » et « Il souffla sur eux »
(Lc 24,39). Le Christ habitant en nous nous touche entièrement,
constamment et nous Le touchons, jusque dans l’intimité
de notre souffle, Il respire en nous : « Chair de ma chair,
sang de mon sang ! » s’écrie Saint Grégoire,
et nous somme « heureux », car maintenant « nous
pouvons tout sentir en Dieu » (Saint Issac le Syrien, VI°siècle).
Et surtout nous centrer en
Lui : nous vous proposons un « rappel » de quelques secondes
chaque heure ou moins, selon la décision de chacun. L’exercice
est simple : comme pour souffler une bougie, aller jusqu’au
bout de l’expiration. Répéter plusieurs fois,
jusqu’à ce que l’on ressente une force dans le
bassin. La déconnection par rapport au « petit moi »
est immédiate. Présence à soi présence
à Dieu…
avec toute
notre affection, à bientôt !
Père
Alphonse et Rachel
Texte
à méditer
«
Après
plus d’un demi-siècle de recherche et d’expérience,
Dürckheim résume à la fin de sa vie sa position
de manière suivante : « Si l’on me demandait
aujourd’hui d’exprimer en une phrase le noyau de mon
enseignement, je répondrais : la prise au sérieux
de la double origine de l’homme, céleste et terrestre.
L’Occident l’a oublié : en estimant que le
céleste était du ressort exclusif de la foi, et
que seul le terrestre pouvait faire l’objet d’expérience
et de pratique, l’Occident a frustré l’homme
dans son développement spirituel. Or, l’origine céleste
de l’homme fait partie de son être essentiel. L’homme
participe dans la profondeur de son être à l’Etre
divin et peut en devenir conscient dans des expériences
particulières. C’est l’expérience d’une
réalité non conditionnée opposée à
la réalité conditionnée du moi existentiel
et de son monde. L’homme se trouve être un citoyen
de deux mondes : celui de la réalité existentielle,
bornée par l’espace et le temps, accessible à
la raison et à ses pouvoirs, et celui de la réalité
essentielle, qui est au-delà du temps et de l’espace,
accessible seulement à notre conscience intérieure
et inaccessible à nos pouvoirs. La destinée de l’homme
est de devenir celui qui peu témoigner de la Réalité
transcendante au sein même de l’existence… »
(Graf Dürckheim)
« C’est
Lui qui est partout,
C’est Lui qui marche à travers tes pas,
C’est Lui qui regarde à travers tes yeux,
C’est Lui qui respire à travers tes poumons,
C’est Lui qui aime à travers ton cœur,
C’est Lui qui pense à travers ton cerveau,
C’est Lui qui mange à travers toi,
C’est Lui que tu manges à travers la nourriture,
C’est Lui que tu vois partout et en tout,
Dans ce monde de spectacle enivrant,
C’est Lui qui chante, écoute à travers toi,
Ton corps n’est que Lui,
C’est Lui qui est partout. »
(Babacar
Khane)
Sessions
en cours à Béthanie
Du
3 au 4 octobre : «
Retrouvailles autour d’un chantier ».
Travailler dans la joie fraternelle et la prière
pour l’entretien de Béthanie. Une manière
insolite de se rencontrer et de rencontrer Dieu sur le même
Chemin. Merci pour votre aide !
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Du
24 au 25 octobre
: «
Itinérances
bibliques »
. Michel
Magnin, bibliste et guide expérimenté de la Terre
Sainte, nous conduira dans ce pèlerinage intérieur
vers la terre de notre profondeur.
Du
29 octobre au 2 novembre : «
Prière de Jésus : Prière
du Coeur
»
. Pour faire du quotidien une Rencontre
et sortir de l’ennui ordinaire. Cette prière continuelle
est la perle de la Tradition hésychaste, le Silence de
l’Etre
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Du
8 au 9 novembre : «
Les racines
juives du christianisme à travers les Psaumes
»
, avec le Rabbin Philippe
Haddad. L’univers culturel et religieux de Jésus,
sa mentalité, ses mœurs, sa façon de penser,
de parler et d’agir… Connaître et aimer le Christ,
c’est d’abord descendre dans ses origines humaines.
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Informations
Nous
aimerions attirer tout spécialement votre intérêt
sur les rencontres majeures de ce trimestre à Béthanie
: le Pasteur Michel Magnin et le Rabbin Philippe Haddad. Les anciens
pèlerins en Terre Sainte seront ravis de revivre ce temps-fort
avec Michel autour de la Bible, mais tous pourront découvrir
à quel point la Bible est le Livre de notre transformation.
Quant à la rencontre avec le Rabbin Philippe Haddad, elle s’inscrit
dans le même sillage. On ne peut qu’être ébloui
de trouver une nouvelle perspective et une autre vision dans des textes
qu’on croyait pourtant familiers…
Le
réseau de Béthanie :
Pour
s'inscrire et visiter le réseau vous devez vous inscrire en
vous connectant à l'adresse suivante http://bethanie.ning.com/?xgi=fgZefDG
Après
votre inscription vous pourrez revenir sur le réseau en utilisant
uniquement l'adresse :
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