Chers
Amis,
Dans
notre dernière Lettre, nous avons évoqué
la puissance du « Mantra » pour la vigilance permanente
et faire un jour la percée vers l’Etre. Utilisons
le mot « Mantra » qui est bien pratique pour rappeler
qu’il s’agit d’une formule courte de prière
répétée sans cesse : le mot « Amour
» ou « Paix », par exemple, ou encore le Nom
de Jésus et toute autre formule, pourvu qu’elle soit
brève.
Plus
on répète le mantra, plus il pénètre
dans la conscience et cette pénétration fortifie
la volonté et ouvre aux sources de la créativité
et de l’amour lui-même. Si bien que la répétition
n’est qu’apparente, ce qui se passe est toujours nouveau.
La
plupart des hommes vivent à la superficie la plus extérieure
du mental, dans un univers de pensées déréglées
qui ressemblent à des sauterelles, mais cette multiplicité
de pensées à la surface cache plus profondément
un état de conflits, de peurs, d’inimitiés
ou de convoitises…Les pensées ne sont que les symptômes
d’un profond mal-être qui, souvent, débouche
sur la maladie ou la dépression, la force de volonté
a disparu. On finit par s’identifier à cet état
que l’on prend pour normal : « c’est ainsi !
»
Or,
il n’en est rien ! Notre véritable nature est un
puits inouï de joie, d’amour, de désir et de
volonté… Mais comme cette profondeur est inconsciente,
on trouve là la racine de nos problèmes et l’origine
de notre angoisse.
A
mesure que le mental se calme et que l’inconscient s’illumine,
nous prenons pleine conscience et sommes saisis par la Présence
du Seigneur de l’Amour qui siège au fond de notre
être. Alors nous faisons l’expérience de l’Unité
de tout et le puissant désir de ne plus perdre ce sentiment
de l’unité. Dans l’oubli, la peur, la division…la
reprise du mantra nous replonge immédiatement dans la dimension
unifiante et transforme les émotions négatives en
énergie. Le mantra a donc une dynamique qui lui est propre,
il n’agit pas comme n’importe quel mot qu’on
répéterait…Le mantra est symbole du plan essentiel
de l’homme…, il épouse le désir, la
nostalgie, le purifie, arrache les pensées à leur
racine et perce vers l’être, la dimension non-conditionnée.
C’est
un grand évènement de découvrir un jour qu’on
n’est plus victime des pensées, des images et des
émotions. C’est un état de présence,
un état d’amour, un état de joie et de gratitude.
Avec le temps et l’intensité de l’exercice,
l’âme, l’esprit et le corps sont à ce
point imbibés par la Parole que tout notre être devient
cette Parole. La Parole du mantra livre alors son essence mystérieuse,
il n’y a plus de syllabes, de lettres ou de sons, mais la
Réalité innommable qui nous saisit totalement. Comme
dit saint Paul : Ce n’est plus moi qui vis, c’est
le Christ qui vit en moi. La plus grande bénédiction
pour l’homme, la plus grande joie, c’est cette expérience
de la Présence intime du Christ dans la profondeur de son
être. Le mantra a disparu et on est en présence de
l’ « énergie » du Christ.
C’est
une expérience très simple, concrète, accessible
à chacun, ici et maintenant, un contact avec cette immobilité
intérieure, le « sentiment d’une éternité
» dans le corps, comme si on était hors du temps
dans le temps, comme si la seconde présente était
un Absolu : il n’y a plus d’enchaînement de
cause à effet, ce qui fait partie encore de l’espace
et du temps. C’est un abîme vertical, neuf à
chaque seconde, c’est l’Etre à l’état
pur, un état d’intimité avec l’Etre,
une plénitude d’amour…
Quand
le mental physique s’arrête de fonctionner nous sommes
devant ce miracle, notre vraie nature ! Nous ne voyons et ne vivons
que rarement la Réalité, parce que nous l’approchons
par la pensée qui interprète : c’est toujours
notre perception du Réel, pas le Réel lui-même
! C’est pourquoi le Christ dit si souvent : Ne jugez pas
!
Le mantra fait donc table rase du revêtement mental dont
nous enveloppons la réalité et sa vibration–énergie
nous met dans un état de conscience qui est une communion
à la conscience du Christ. Le mental, par son chaos de
pensées, engrène dans la matière qu’est
le corps la mort, une vibration de mort. Le mantra engrène
une vibration solaire, lumineuse, expansive comme l’amour.
Le saint Nom est une vibration d’amour suprême puisqu’Il
est Dieu.
Comme
l’homme est à l’image de Dieu, tout entre en
résonance avec le mantra. Par la répétition,
celui-ci descend dans tous les degrés de l’être
: dans la tête, dans le coeur, dans les sensations, dans
les mouvements et jusque dans la mémoire du corps. Et une
fois qu’il est fixé dans le corps, alors il ne bouge
plus, il se répète de lui-même, il suffit
d’écouter…
L’important,
l’essentiel de tout, c’est de sentir son corps en
répétant le mantra. Plus on dirige sa conscience
sur le corps, plus la fréquence de ses vibrations s’amplifie
et plus la contagion augmente, jusqu’à la totale
unité. La conscience profonde et sentie du corps est un
état de communion intime avec le Christ. On est alors ancré
dans l’instant présent, libéré de toute
négativité, dans l’acceptation totale de ce
qui est ici et maintenant. Cette attention est la clé de
la transformation et d’une nouvelle manière de vivre,
hors du commun et pourtant vraiment dedans. Le quotidien devient
alors le chantier, le lieu de l’exercice constant. Faire
la vaisselle ou balayer devient quelque chose de passionnant…
Sentir…habiter…respirer…conscience
charnelle de la Présence divine.
Que
le Seigneur nous accorde la grâce d’expérimenter
qu’Il est « plus intime à nous que nous-mêmes
! »
Avec
toute notre affection, à bientôt !
Père Alphonse et Rachel
Texte
à méditer
On
peut pressentir ce qu’est Dieu si l’on s’efforce,
à travers toute sensation, de rejoindre la réalité
de tout être et de ne pas s’en écarter avant
d’avoir pénétré en son propre au-delà…
Au-delà, nous découvrons l’immensité
du Christ et là, par sa sainteté, nous progressons
vers l’abîme de son infinité, jusqu’à
entrevoir le Tout-Puissant.
(Saint
Clément d’Alexandrie, IIe siècle)
Prière
Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur,
Hosanna, au plus haut des cieux !