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Lettre n°211 - «Quand Karlfried va-t'il percer la peau de Dürckheim ?»



Gorze, Mai 2024

 

Chers amis,

 

« Quand Karlfried va-t'il percer la peau de Dürckheim ? »


Nous pouvons remplacer Karlfried par notre propre prénom et Dürckheim par notre nom... Cette question que nous nous posons alors est la question centrale dans l'enseignement de Dürckheim. Quand notre être essentiel va-t-il devenir le centre de notre vie ? Autrement dit encore, quand allons-nous cesser de nous fuir pour nous remplacer par un ou des « personnages de survie » que nous avons construits pour nous adapter à nos conditions existentielles ? Ce personnage nous est certes utile durant un temps mais il est un temps où il est invité à se mettre au service de l'essentiel : quand l'essentiel va-t-il percer la peau de l'existentiel ?


De quoi avons-nous vraiment besoin ? « Nous souffrons d'ignorer ce qui ne manque pas », dit Dürckheim. Qu'est-ce qui ne nous manque pas ? Ce qui ne nous manque pas nous l'appelons l'esprit dans la tradition chrétienne. L'esprit a trois qualités essentielles qui ne nous font jamais défaut puisque c'est notre être essentiel. Premièrement, le silence intérieur qui se conjugue avec le calme ; deuxièmement, l'intelligence du cœur qui se conjugue avec l'intuition, et troisièmement la puissance intérieure qui est la force de l'amour divin.


Saint Paul, dans la première épître aux Corinthiens distingue l'homme psychique et l'homme spirituel : « Que tout votre être : l'esprit, l'âme et le corps, se conserve irréprochable jusqu'au jour de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. » Dans l'épître aux Hébreux, il dit aussi : «La parole de Dieu est puissance, elle partage le pneuma et le psychique.»


Ce texte marque nettement la séparation entre l'esprit et l'âme dans l'être humain. Quand l'homme s'intériorise, il arrive à vivre dans l'esprit. Pour l'esprit, saint Irénée emploie les trois mots : noüs, logos et pneuma. L'esprit sauve, forme et organise.

Anastésis, icône copte
Vierge du Signe

On a tendance à confondre l'esprit de l'homme et l'Esprit de Dieu. L'esprit de l'homme communie avec l'Esprit de Dieu : c'est sa fonction. Communiant à l'Esprit Saint, il s'en nourrit lui-même et transmet cette nourriture à toute la création. La quête du noüs et son développement en nous doivent permettre qu'il devienne roi de notre être à la place du psychique ou du physique. Tel est le sens de la pratique spirituelle.


Le chemin est de redonner à l'homme la possibilité de vivre suivant une hiérarchie intérieure qui met l'esprit au centre et oriente vers la présence indicible de la divine Trinité en nous. Le Père est notre « Abba » qui ne cesse de nous appeler par son Fils dans le Souffle saint.


 L'homme centré et ré-orienté retrouve sa vocation humaine : devenir Dieu par grâce. Alors peu à peu, au fond de l'être émerge le grand Silence, langage du siècle à venir, et qui nous libère de toutes nos chaînes existentielles dans un rythme propre à chacun d'entre nous : « A chaque jour suffit sa peine. »


« Cette conquête passe par la lutte, l'ascèse, et c'est seulement quand l'esprit aura retrouvé sa puissance, sa lumière pour éclairer notre être, que nous pourrons et que nous devrons revenir avec tendresse vers notre psyché. » Saint Jean de saint Denis.

 

Avec toute mon affection en Christ !

 

Père Francis

 


 

Prière

                             

Mon Dieu, donne-moi un cœur pour t'aimer

et des yeux pour te voir;

donne-moi des oreilles pour entendre ta voix

et des lèvres pour parler de toi.

Donne-moi le goût pour t'apprécier,

l'odorat pour sentir ton parfum;

donne-moi des mains pour te toucher

et des pieds pour te suivre.

Sur la terre et dans le ciel

je ne désire que toi, mon Dieu !

Tu es mon seul désir, ma consolation,

la fin de toutes angoisses et souffrances.

 

Tikhon de Zadonsk (1724-1783),



 

Texte à méditer

 

 

" Tard je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t’ai aimée ! Mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi, et j’étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c’est au-dehors que je te cherchais ; je me ruais, dans ma laideur, sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi, retenu loin de toi par ces choses qui ne seraient pas, si elles n’étaient en toi."

Saint Augustin, évêque d’Hippone (354-430)

 

 



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