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Lettre n°225 - La colère


coucher de soleil sur Béthanie à Gorze
(coucher de soleil embrasé sur la chapelle, centre Béthanie)

Gorze, septembre 2025


Chers amis,

 

Par les temps qui courent on nous parle beaucoup de la colère des peuples qui couve et parfois s’exprime avec violence. Donc « Bloquons tout » le 10 septembre, mettons-nous en grève le 18, et ailleurs brûlons le parlement… Rassurez-vous je ne vais pas vous parler de politique, ni de l’actualité ! Mais cette ambiance générale m’amène à vous partager aujourd’hui quelques considérations à propos de la colère qui pourraient aussi nous être utile en politique. Rêvons un peu !


Le Christ dit dans l’Evangile : Quiconque se met en colère contre son frère est bon pour le tribunal. Eh bien il risque d’y avoir du monde à l’entrée de ce tribunal ! Car effectivement, comme le dit saint Jean Cassien : La colère rend l’homme comme un démon, car l’énergie meurtrière qu’est la passion de la colère est considérable et fait des ravages phénoménaux. Nous en avons tous fait l’expérience… hélas !


Notons, avant d’aller plus loin, que ce que la Tradition met sous le nom de « colère », ne consiste pas seulement en ces manifestations violentes, extériorisées, que nous mettons habituellement sous ce nom ! ça, c’est la forme aigüe de la passion de la colère. Non ! En fait, sous le label de la colère il faut voir aussi toutes les formes d’agressivité, extériorisées ou intérieures, ouvertes ou cachées, en explosion ou froides et rentrées, grossières ou subtiles, dont l’homme est capable et qui ont pour objet notre prochain.


Dans le principe de la création, cette énergie phénoménale n’est pas du tout cela. La colère est certes devenue une énergie pathogène, pourtant elle pourrait retrouver son mode de beauté et son utilité. Car la colère n’est pas d’abord négative et son énergie, selon son intention, son orientation, peut détruire l’homme et le monde… ou bien le construire dans la beauté. Oui les deux sont possibles !


Dieu a attribué à l’âme humaine une puissance agressive, dotée de l’énergie de la colère. Mais Il l’en a dotée pour se défendre, il l’en a doté comme d’une arme pour chasser les pensées mauvaises, pour lutter contre les attaques du démon, et pour résister aux obstacles qui ferment le chemin vers Dieu… notre chemin vers la ressemblance.


Icône copte de saint Michel maîtrisant le dragon
Icône copte de saint Michel maîtrisant le dragon

St Grégoire de Nysse, au 4e siècle, écrit : "Quant à l’agressivité, à la colère, à la haine, il faut que ces puissances veillent à la porte comme des chiens de garde, dans le seul but de résister au péché. C’est par cette faculté, utilisée conformément à sa nature originelle, que l’homme spirituel, écartant tous les obstacles, peut se maintenir, sans dévier, sur la voie qui est la sienne, celle de son union à Dieu, sur la voie de sa croissance, sur la voie de son accomplissement, sur la voie de l’amour."


St Macaire a des paroles très fortes, il dit : "Quand les passions se soulèvent, les gens sensés ne les écoutent pas, mais ils s’irritent contre les désirs mauvais et leur déclarent la guerre. Cette disposition est donc nécessaire et c’est son usage normal, celui qui correspond à sa vraie nature et rend les plus grands services à la vie spirituelle et au monde."


Par exemple, cette puissance irascible, agressive, s’avère particulièrement utile dans la prière, dans la contemplation pure. Cela peut surprendre, mais c’est grâce à elle que l’homme peut repousser les pensées qui cherchent à le détourner de la prière.


Evagre, le génial Evagre, qui a l’esprit si pratique, écrit : "Quand tu es tenté, ne prie pas avant d’avoir adressé avec colère quelques parole à celui qui t’étreint. Si tu dis quelque chose avec colère aux pensées, tu confonds et fais disparaître les représentations suggérées par les adversaires. "


Le bon usage, naturel et normal de la puissance agressive est donc après cette lutte contre l’Adversaire, de nous permettre de lutter sur nous-mêmes ! autrement dit, d’avoir la capacité de fournir des efforts pour croître spirituellement. La construction spirituelle de l’homme demande des efforts ; elle n’est pas possible dans la mollesse et la paresse. Si on vous propose une conquête spirituelle sans effort, sans lutte, une conquête spirituelle type « club méditerranée », n’y croyez surtout pas ! Ce n’est pas possible. Il faut qu’il y ait une synergie entre la grâce de Dieu qui nous est offerte et notre désir, donc notre effort, cette lutte pour aller vers Dieu.


Cette capacité de faire des efforts que donne la puissance irascible, permet à l’homme d’être orienté dans son être profond, d’être mobilisé de toutes ses forces, de toute la puissance de son désir, d’être concentré vers Dieu comme vers un unique désir.


Elle lui permet de lutter pour cette jouissance spirituelle pour laquelle il a été créé. Et c’est ainsi qu’Evagre le Pontique peut dire cette phrase étonnante : " La nature de la puissance irascible, c’est de lutter en vue du plaisir !" Un plaisir spirituel bien sûr, que l’on trouve dans la béatitude qui l’accompagne. Lutter pour le plaisir, c’est-à-dire lutter pour l’acquérir et lutter pour le conserver. " Mettez-vous en colère et ne péchez pas ", dit le psalmiste (Psaume 4,5).

 Alors bonne colère à tous !


            Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !

 

Père Pascal † 



Prière

 

Ô Seigneur Jésus-Christ,  Toi qui es le resplendissement du pèrel’image fidèle de sa Personne,l’empreinte parfaite de son Essence et de sa Nature :Ouvre nos cœurs et affermis nos espritspour que nous puissions Te connaître,Toi, le Fils unique et bien-aimé du Père.Vois : avec crainte et foinous nous tenons devant Toi,confiant notre désespéranceà ta profonde miséricorde.Relève-nous par la puissance de ton Espritet nous suivrons tes pas.


Saint Sophrony l’Athonite



Texte à méditer


Soyez toujours dans la joie ; priez sans cesse ; rendez grâce en tout, car telle est la volonté de Dieu à votre égard en Christ Jésus ; n’éteignez pas l’Esprit ; ne méprisez pas les prophéties ; examinez toutes choses et retenez ce qui est bon, abstenez-vous du mal sous toutes ses formes. Que le Dieu de paix vous sanctifie Lui-même tout entier et que tout votre être, esprit, âme et corps, soit gardé sans reproche pour l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ.


1ère Epître de Saint Paul aux Thessaloniciens





 
 
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