Lettre n°228 - le mystère nuptial de Noël
- centre béthanie
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Gorze, décembre 2025
Chers amis,
Noël est un jour nuptial ! la dimension de cette fête n’est pas d’abord d’ordre familial, ce qui est, ni plus ni moins, un détournement de sens ! Et Noël n’est pas non plus quelque chose d’ordre sentimental, affectif, dimension à laquelle on l’a souvent réduit avec le petit Jésus dans la crèche ! Non ! Noël est un jour « nuptial » ! c’est le jour où Dieu s’incarnant épouse l’humanité ! C’est tout fait inouï !
Un abîme infranchissable, l’abîme entre le Créateur et la créature, entre l’Incréé et le créé, en ce Jour se franchit ! Et si nous contemplons un tant soit peu cette réalité, nous ne pouvons qu’être plongé dans la stupeur… dans le frémissement. Nous ne pouvons qu’être plongé dans l’émerveillement et même dans un véritable ravissement. Face à cette réalité presqu’inconcevable, il nous est proposé de vivre une expérience « mystique ». Le Créateur, le Tout autre, Celui qui est dans le principe, se fait tout proche, se fait époux et se fait frère.
Dieu devient homme pour que l’homme devienne dieu. Eternel refrain des Pères de l’Eglise qui n’en reviennent pas de cet incroyable cadeau fait à l’humanité, et le répète inlassablement avec émerveillement ! De toute éternité, c’est-à-dire dans le principe, avant ce qu’on appelle la chute ou l’exil, le plan de Dieu était de s’incarner pour épouser sa créature ! Dieu ne devient pas homme parce que l’humanité est tombée dans le péché ! Dieu devient homme parce qu’Il aime d’un amour fou sa création, son épouse, sa bien-aimée.

Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ! Le Verbe de Dieu, le Fils du Père, Dieu lui-même, est venu dans ce monde, dans ce monde tel qu'il est, avec ce qui est beau et ce qui l'est moins, avec sa lumière qui vient de Dieu et ses ténèbres qui viennent de nos refus de Dieu, de nos réflexes d’exilés orgueilleux qui croient encore être leur propre source.
Tout au long du chemin de l’histoire, envers et contre tout, la lumière a peu à peu percé l’obscurité. De l’arbre de Jessé est née la fleur qui pouvait porter la Lumière intérieure du monde et cette Lumière que Marie a conçu en son sein virginal, nous a révélé que Dieu est Père, que sa patiente fidélité est plus forte que les ténèbres et que la corruption de ce monde. Malgré les ténèbres, malgré l’exil, malgré la corruption, Dieu ne connaît ni impatience, ni accès de colère. Comme Jésus nous le dépeint dans la parabole du fils prodigue, Il est ce père qui est dans l’attente amoureuse… et patiente d’entrevoir un jour le retour de son fils perdu.
La prophétie d’Isaïe annonce l’apparition d’une grande lumière venue percer l’obscurité, or cette Lumière naît à Bethléem où les anges l’ont annoncé aux bergers en disant : Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Le ‘‘signe’’ ! Quel grand mot pour un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Mais ce signe, en fait, c’est l’humilité de Dieu ! c’est l’amour avec lequel, en cette nuit, Il a assumé notre fragilité, notre souffrance, nos angoisses, nos désirs et nos limites.
Le message que tous attendaient, le message que nous attendons de tout notre être, même sans le savoir peut-être, mais auquel nous aspirons dans la profondeur de notre âme, ce n’est rien d’autre et rien de moins, que l’amour de Dieu, que la tendresse de Dieu. C’est à cela que nous aspirons, à travers tous nos désirs, beaux ou déviants, c’est elle en fait que nous recherchons maladroitement.
Aussi en cette sainte nuit, tandis que nous contemplons ce nouveau-né dans sa fragilité qui nous rappelle la nôtre, nous sommes invités à nous poser la question en vérité : Comment accueillons-nous la tendresse de Dieu pour nous ? Est-ce que nous nous laissons rejoindre par Lui ? Est-ce que nous nous laissons embrasser par Lui ? Ou bien est-ce que nous l’empêchons de s’approcher de nous ?
La chose la plus importante ici n’est pas de chercher Dieu, mais plutôt de faire en sorte que Lui puisse nous trouver. La question que nous pose cet Enfant par sa seule présence, c’est : est-ce que je permets à Dieu de m’aimer ? Est-ce que je permets à Dieu d’avoir de la tendresse pour moi ?
Combien le monde a besoin de tendresse aujourd’hui ! Combien le monde a besoin de cette tendresse de Dieu ! Alors la réponse d’un chrétien, s’il est vraiment chrétien, ne peut être différente de celle que Dieu nous donne à Bethléem. En prenant conscience en cette nuit, que Dieu est tellement amoureux de nous qu’Il s’est fait lui-même homme pour mieux nous rencontrer, comment pourrions-nous ne pas ouvrir notre cœur à Sa tendresse ?
Nous ne pouvons que le supplier : Seigneur, aide-moi à te ressembler, moi qui suis à ton image et qui veut aller vers ta ressemblance, moi qui veux être ton disciple, donne-moi la grâce de la tendresse, la grâce de Ta tendresse, en tout temps mais surtout dans les circonstances les plus dures de ma vie. Donne-moi la grâce de ce regard tendrement aimant sur tous mes frères, ceux que j’aime bien sûr, mais aussi et surtout, ceux qui me caressent à rebrousse-poil et me font tellement progresser dans l’amour de l’ennemi. Qu’ils soient bénis ! Ils sont une grâce pour moi ! Seigneur, donne-moi la grâce et le courage de les accueillir tous avec tendresse et donne-moi aussi la grâce d’accueillir avec tendresse toutes les situations de ma vie, heureuses ou malheureuses, faciles ou difficiles.
En ce temps de Noël contemplons la fragilité du Dieu tout puissant, contemplons sa tendresse pour nous et prions qu’à cette image un peu écornée de Lui que nous sommes, Il accorde d’aller toujours plus vers la ressemblance avec Lui.
Je vous dis toute mon amitié en Christ, à bientôt !
Père Pascal †
Prière
Tes préceptes sont admirables, c’est pourquoi mon âme les garde. Ta parole est une révélation lumineuse, elle donne l’intelligence aux simples. J’ouvre largement la bouche et j’aspire, je suis avide de tes ordres. Tourne vers moi ta Face et fais-moi grâce, selon ta coutume envers ceux qui aiment ton Nom. Affermis mes pas dans ta parole, que l’impiété ne triomphe pas de moi. Délivre-moi de l’oppression des hommes,afin que je puisse observer tes préceptes. Fais briller ta Face sur ton serviteur, enseigne-moi tes commandements. Mes yeux ruissellent de larmes, car ta loi n’est pas observée.
Psaume 119, XVII
Texte à méditer
Le Christ naît, rendez gloire ;
le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ;
le Christ est sur terre, élevez-vous.
Chantez au Seigneur, toute la terre.
Et pour dire les deux à la fois :
Que se réjouissent les cieux et qu'exulte la terre
à cause de celui qui est céleste et ensuite terrestre.
Le Christ est dans la chair ;
exultez avec tremblement et joie :
tremblement à cause du péché ; joie à cause de l’espérance.
Saint Grégoire Le Théologien : Sermon 38






